Instinctivement, on associe le silence à l’absence de bruits, que ce soit de la musique, le ronronnement et les klaxons de la circulation ou de simples conversations. Et pourtant, l’élimination de sons perturbateurs ne représente que la toute première marche vers les bienfaits du silence. En effet, il te faut porter une attention particulière à tes 5 sens puis au-delà, à l’agitation à laquelle est soumis ton cerveau. Je t’invite donc, pour un instant, à te couper de l’extérieur et à cesser ton fonctionnement multitâche. Tout comme pour une méditation, je te montrerai pourquoi il est important de faire disparaitre toute forme de distraction et d’activité pour espérer améliorer ton existence et libérer ta créativité.
Les bienfaits du silence sur nos vies
Le problème avec le silence, c’est qu’il part avec un handicap majeur aux yeux du monde moderne. Il nous perturbe souvent. Es-tu de ceux qui ne peuvent pas rester à la maison seuls sans allumer la radio ou la télévision pour laisser un « bruit de fond » ? D’autres ressentent le besoin de mettre à profit chaque instant de calme et écoutent un podcast tout en faisant le ménage, par exemple.
D’autres encore, sont incapables de rester muets en présence d’autrui. Lors de mes retraites, j’aime à instaurer une journée silencieuse. Dans les premiers instants, les rires se font nerveux, les pratiquants peinent à maintenir la quiétude en présence d’autrui, car ils l’interprètent comme le fait d’être asociale ou désintéressé. Dans nos relations du quotidien, une telle situation met souvent mal à l’aise et l’on comble le vide en parlant pour ne rien dire…
Et pourtant, le silence est signe d’une bonne relation avec soi-même et avec l’autre. Il est la preuve d’une confiance véritable, les masques tombent et les liens sont encore plus forts.
Les neurosciences ont montré que lorsque l’on offre à son cerveau des plages de déconnexion, c’est-à-dire des moments sans aucun stimulus externe, celui-ci était capable de se régénérer et d’améliorer ses capacités de concentration et de mémorisation. Par ricochets, notre qualité de présence et donc d’écoute est accrue, nous nous sentons apaisé. e. s et reposé. e. s. Alors pourquoi avons-nous cessé de voir le silence comme un ami ? Et comment y remédier ?
Apprendre à se retirer du tourbillon de la vie
Connaitre les vertus d’une pratique ne suffit pas, il faut pouvoir la vivre, au quotidien idéalement. Le silence est considéré comme le mantra ultime. Sa puissance serait donc inestimable et requiert peu de moyens pour être mise en pratique. Voici donc quelques propositions, de difficultés croissantes, afin de remettre du silence dans ta vie :
Réaliser une tâche du quotidien dans le calme complet (se préparer, prendre son repas, arroser les plantes, conduire, etc.).
Passer à 2 puis 3, puis… par jour, et cibler en particulier le tout début de la journée et les instants qui précèdent l’heure du coucher.
Réduire la liste de tes impératifs du jour et te ménager un temps d’inactivité.
Faire l’expérience de quelques minutes silencieuses en compagnie d’un.e ami.e ou parent.e
Tenter l’expérience en couple lors d’une soirée.
Marcher en silence, avec son téléphone en mode avion (ou sans !).
Méditer aussi souvent que possible seul. e ou grâce à ma méditation de pleine conscience.
Réaliser une séance de yoga libre sans musique ou mantra.
S’organiser une journée silencieuse en prévenant ses proches.
En t’offrant ces quelques instants sans bruit, tu viens de gravir une première marche. En t’exerçant à l’inaction, c’est une 2de étape cruciale que tu découvres. Reste maintenant à s’attaquer à un fléau des temps modernes, nait de la glorification de l’efficacité et du gain de temps, le multitasking.
Le mythe du multitâches
Les sciences ont montré que l’humain est incapable de faire plusieurs choses à la fois. Fin d’un mythe ! En effet, pour pouvoir accomplir différents travaux de manière simultanée, notre cerveau doit traiter une quantité inouïe de données. En conséquence, ce que l’on fait vraiment, c’est que l’on enchaine diverses actions, de manière très rapprochée. Nous avons la sensation de les réaliser en parallèle, or nous découpons nos tâches en microtâches.
Ce découpage nous conduit à zapper d’une activité à une autre et pénalise notre capacité d’attention. Nous sommes sans cesse en train de nous concentrer sur un sujet pour nous arrêter et passer à un autre, puis y revenir encore. Ce mode de fonctionnement s’avère inefficace et épuisant. Comme la pleine conscience le préconise, il est bon d’être pleinement présent à ce que l’on fait tout en ne réalisant qu’une seule chose à la fois.
Finalement, c’est le même phénomène qui se produit lorsque l’on se lance dans un processus créatif. Si l’on ne se coupe pas de notre environnement, comment peut-on espérer que notre esprit puisse se laisser aller entièrement et produire quelque chose de neuf ?
Libérer sa créativité grâce au silence
Quand on débute la méditation, il peut être conseillé de se munir d’une feuille et d’un crayon afin d’y noter tout ce qui nous vient à l’esprit et que l’on craint d’oublier. Le but étant de se libérer d’une to-do list plus ou moins urgente et qui t’empêche de revenir à l’ici et maintenant.
De la même manière, tu as pu constater que des idées nouvelles et créatives ou de belles tournures te viennent facilement, une fois allongé. e dans ton lit, sous la douche ou en prenant le soleil. Comme si l’inspiration patientait, tapie dans l’ombre, que cesse tout divertissement.
C’est un peu le cas en fin de compte.
Car l’inspiration puise dans ce qui nous nourrit au quotidien et nous entoure, mais elle ne peut s’exprimer sans passer par notre esprit. Une étape d’intégration est nécessaire tout d’abord, puis une seconde phase, d’écoute de soi pourra avoir lieu.
Ainsi, afin d’intérioriser et de t’approprier tout ce matériel créatif, tu dois te couper des stimuli continus de la vie moderne. L’isolement n’est pas obligatoire, mais il peut grandement faciliter le processus, car tu y trouveras plus facilement le calme recherché. L’esprit, libéré des distractions, peut se concentrer, analyser et faire le tri. Il peut traiter les images, les émotions et les sensations et les relier.
Vient maintenant la phase tant espérée durant laquelle ta créativité peut s’exprimer. Pour cela, il te faudra encore te couper du monde extérieur pour mieux t’entendre. C’est aussi ce que j’ai découvert, entre autres choses, lors de ma retraite silencieuse à Suan Mokkh avec l’anagramme SILENT = LISTEN.
Car pour s’écouter, il faut avoir du silence en soi c’est-à-dire, revenir à un état plus primitif et animal. Nos gênes et donc tout notre être se sont bâtis à une période lointaine où seule la nature bruissait, bougeait et vibrait. Pas de sons artificiels, d’écran de téléphone qui s’allume pour signaler un nouveau message ou d’écran TV allumé dans la pièce et éclairant les murs. Il est donc logique que l’humain ait besoin de moment de déconnexion afin de laisser les idées et les images émerger. Sans ces plages de silence, nous ne pouvons pas nous connecter à notre intériorité.
Tout au long de cet article, j’ai aimé te parler de la puissance du silence. Il amplifie la qualité de nos relations, de nos réflexions et de notre santé, il nous offre les moyens de nous construire comme de nous libérer. J’ai aimé te faire apercevoir cette belle source de créativité et de sérénité. Pour y puiser et t’y plonger, je te recommande à nouveau de te tourner vers la méditation, qu’elle soit formelle ou associée à une marche, un chant ou un coloriage.
Namasté
Elodie
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